L’alerte a été rendue publique en avril dernier par les professionnels de l’immobilier ; la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) et L'Union des Syndicats de l'Immobilier (UNIS). “La rénovation en 2034 des logements est un objectif inatteignable !”. C’est un constat amer qui s’inscrit dans le contexte des nouvelles réglementations au sein du parc privé locatif français.
Alors qu’il vient d’être voté par l’Assemblée nationale le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (cf. art. 42 sur l’interdiction de location de “passoires thermiques” à compter du 01/01/2028). La réduction des émissions de gaz à effet de serre est bien sûr dans le viseur de ces nouvelles contraintes.
Les logements classés E : un état des lieux alarmant
Les logements classés E sur l’échelle de Diagnostic de performance énergétique (DPE) représentent un quart du parc immobilier actuel. Ajoutés au 1,7 million de logements F et G, ils totalisent 3,6 millions sur les 7,3 millions que compte l’ensemble du parc locatif en France. Par ailleurs, les exigences en matière de performance énergétique sont aujourd’hui insuffisantes. Si l’on considère le seuil de 330 kilowattheures par m² de surface habitable et par an - attendu pour le 01/01/2028 - l’heure est à l’inquiétude et au désenchantement ! Dans la décennie à venir et sans aide de l’État, on pourrait s’attendre à un désinvestissement de masse. A moyen terme, l’interdiction de louer des logements E mettrait à mal les conditions d’habitation en touchant près de 5 millions de français !
Vers une croissance verte : rénovation des logements E
La rénovation du parc locatif reposera sur une nouvelle méthode de calcul du DPE, laquelle sera applicable en juillet 2021. Elle prendra en compte les différentes caractéristiques physiques d’un logement : le système de chauffage, le type de fenêtres, l’isolation et le bâti. Ce qui aboutit au classement sur l’échelle de A à G. La Loi de transition énergétique pour la croissance verte cible un niveau BBC (Bâtiments Basse Consommation) dans la rénovation envisagée. Cette dernière concerne tous les logements occupés par un propriétaire ou par un locataire. La valeur verte est davantage prise en compte, tant par les futurs locataires que par les bailleurs eux-mêmes. Ces derniers sont ainsi invités à devenir “écologiquement vertueux”.
Logements E à rénover : la note sera salée !
Considéré comme un projet ambitieux et coûteux, il est toutefois nécessaire. Il répond à l’urgence écologique et climatique et a été décrété par l’Assemblée Nationale en 2019 ; faisant écho au projet de Loi énergie et climat. La facture s’annonce passablement salée et représente une contrainte supplémentaire et financière envers la filière du bâtiment mais aussi pour les bailleurs. Notons que 56 milliards d’euros seront nécessaires à la rénovation du parc locatif E, F et G pour atteindre le “D”, et 88 milliards d’euros si l’on vise le niveau BBC. Sans un coup de boost financier à l’égard des acteurs concernés, la tâche s’annonce d’ores et déjà insurmontable voire inatteignable !
Halte aux passoires thermiques : pour un projet viable
Afin de garantir la soutenabilité financière pour les bailleurs, les professionnels de l’immobilier proposent quelques solutions d’accompagnement :
- une fiscalité améliorée et favorable ;
- un congé pour travaux d’économie d’énergie conséquents (aspect juridique) ;
- un doublement du mécanisme “déficit foncier” (soumis à conditions) ;
- une défiscalisation de MaPrimeRénov’ (qui finance des travaux d’isolation, de chauffage...) ;
- un retard de délai de la mise aux normes des logements E reconduit à 2040.
Nous sommes tous concernés par la grande cause que représente le changement climatique. Nous ne pouvons ignorer ses effets désastreux et irréversibles sur l’ensemble de notre belle planète Terre. Alors que le “quoi qu’il en coûte” est au cœur de tous les débats, les différentes associations de l’immobilier s’unissent pour dénoncer le coût de la rénovation des logements E. Réalité ou pure utopie, rendez-vous en 2050 !