Le 25 mai, date de l’assassinat de Georges Floyd aux États-Unis, a été une date charnière pour le monde occidental, depuis, un abcès a été crevé. Le racisme sévit toujours au sein de nos sociétés, et ce, à plusieurs niveaux. Suite à ces événements de nombreuses manifestations, « Black Lives Matters » ont éclaté, outre-atlantique, puis en Europe. L’opinion scandalisée, a éveillé de vifs débats opposants toutes sortes d'opinions. Ce à quoi, le ministre de la ville et du logement, Julien Denormandie a réagi, en annonçant l’étude d’un décret, cherchant à diminuer la discrimination au logement.
Celui-ci viserait à, obliger les agences immobilières à suivre une formation contre les discriminations au logement, réitérée tous les trois ans. Cette initiative pourrait s’accompagner de « testing » par lesquels de faux dossiers seraient communiqués aux agences afin de dissocier discrimination et logement.
Discriminations et logement, un problème de fond trop souvent pointé du doigt
Dans une enquête de 2017, SOS Racisme, publiait des chiffres édifiants rapprochant discrimination et immobilier. Utilisant la méthode du « testing » préconisé par le ministre actuel, le constat était simple.
Un Français arborant un patronyme à consonance étrangère, est fortement plus exposé aux discriminations au logement. 15% de chances en moins, pour un individu d’origine asiatique, et 28% à 38% pour des individus, respectivement d’origines maghrébines et africaines. Cette étude a utilisé des profils aux situations financières comparables afin d’obtenir des résultats efficients.
Les agences sont incriminées par ces discriminations à la location, 68 % des biens proposés y seraient sujets. Cependant, et sans pour autant minimiser ces chiffres, on retrouve plus grandement encore cette question avec les particuliers. Pour lesquels ce serait 87 % des biens qui seraient concernés.
Des plateformes indépendantes comme « Leboncoin » assure avoir mis en place un système de signalement, ainsi qu’une politique de prévention. Cependant, esseulés, il demeure pour eux difficile de combattre cette injustice. Le décret proposé par le ministre Julien Denormandie se présente donc comme un élément de réponse à cette problématique.
Utilisation potentielle des statistiques ethniques afin de dissocier discrimination et logement
Utilisées aux États-Unis et souvent controversés, le gouvernement, par l’intermédiaire de Sibeth N’Diaye, remet dans le débat public l’utilisation des statistiques ethniques. Celles-ci pourraient apporter un plus dans la lutte contre les discriminations logement évoquées. Un outil précis, qui néanmoins suscite la réticence, pouvant être stigmatisant, ce à quoi Julien Denormandie préfère des statistiques relevant du lieu d’habitation. Cependant celles-ci, relèvent bien souvent du pouvoir d’achat de l’individu ce qui peut, selon d’autres sensibilités l’être tout autant.
Discrimination et location appartement, quelles répercussions concrètes ce décret peut-il offrir ?
Il est encore difficile, de spéculer avec justesse de sa répercussion sur les discriminations à la location et au logement en général. Le sujet, pourtant majeur, reste difficilement observable dans l’absolu. Dans quelle mesure une simple formation est en mesure d’endiguer un phénomène comme celui-ci ? L’anonymat pourrait présenter une réponse plus forte et plus concrète, qui annihilerait toute intention de discriminer. Volonté qui, est incontestablement présente dans l’Hexagone, au vue des chiffres, surtout chez les particuliers, eux-mêmes clients potentiels des agences immobilières. L’agence a pour intérêt premier de satisfaire celui de ses clients, sans pour autant céder aux requêtes contradictoires à l’universalisme fondateur de notre République.
Il n’est pas sans rappeler que les sanctions relatives à des pratiques discriminantes, exposent l’auteur à une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.
Cependant, c’est en profondeur qu’un changement doit opérer, dans le monde de l’immobilier entre autre. Il semble important pour assurer une paix sociale, une justice sociale. Celle-ci doit se manifester non pas sur l’abolition de « privilèges » mais sur l’accès aux mêmes droits pour tous. Les discriminations au logement, celles liées à la location dénigrent l’égalité, le mérite et la dignité des individus dans notre pays.