Comme tout autre matériau de construction, la durée de vie du béton est également limitée. La désagrégation du béton est donc un phénomène réel que les professionnels de l'immobilier doivent prendre en compte. Cet article vous permettra de mieux comprendre le processus de dégradation des façades en béton.
Quels sont les phénomènes qui entraînent une désagrégation du béton ?
Plusieurs phénomènes peuvent être à la base de la désagrégation du béton. En dépit de sa composition, la solidité du béton est mise à mal par ces phénomènes.
La carbonatation du béton
Le principal phénomène responsable du vieillissement du béton est la carbonatation. Celle-ci est une réaction chimique qui consiste à diffuser du dioxyde de carbone (CO2) sous forme gazeuse à travers les pores du béton. La carbonatation entraîne une modification progressive de la microstructure interne et de la composition chimique du béton. Ce phénomène agit donc sur les produits issus de l'hydratation du ciment. L'ampleur de ce phénomène reste lier à la teneur du CO2 de l'air ainsi qu'aux caractéristiques du béton (la nature et le dosage du ciment, le dosage en eau, la teneur en hydrates carbonatables et bien d'autres). À partir de 50 ans, l'ouvrage entre dans sa phase de fin de vie. La carbonatation a un impact significatif sur la durée de vie de la structure en béton, notamment sur sa résistance. Elle entraîne en effet son instabilité avec une mise à nu des armatures en acier. Un béton carbonaté présente des signes de destruction, dont les éclatements du béton, les épaufrures ou autres. Ce phénomène peut même entraîner l'effondrement de l'ouvrage.
La porosité du béton
Le béton est fait de vides et de pores. Ces derniers influencent aussi sa durabilité et sa résistance. L'ouvrage est exposé à des aléas du temps en cas de faible densité. Il devient donc poreux et entame un processus de dégradation. La porosité du béton peut être accélérée par des agressions bactériologiques et chimiques.
Les ruptures des fers sous l'effet de la chaleur
En cas d'incendie, la température peut atteindre les 1000 °C en surface de la structure. Une dalle en béton offre une forte résistance au feu. Le béton est en effet incombustible et inflammable. Il faudra exposer les armures d'une dalle en béton (de 3,5 cm d'enrobage) au feu pendant une durée de 2 heures avant de les voir atteindre leur température critique qui est estimée à 500 °C. Les éléments du béton les plus exposés en cas d'incendie restent les fers. Ces derniers peuvent en effet se fondre. Lorsque les aciers se rompent, le béton devient fragile avec un risque d'effondrement. Il faut préciser que la composition du matériau et sa microstructure a également une influence sur sa capacité de résistance à la chaleur. Après un incendie, vous devez évaluer l'impact du feu sur les matériaux afin de déterminer leur degré de dégradation.
Quels sont les différents types de dégradations du béton ?
Malgré qu'il soit considéré comme un excellent matériau de construction, le béton peut avec le temps se dégrader. On distingue trois principaux types de dégradations.
La dégradation d'ordre mécanique : elle survient à la suite de vibration, d'affaiblissement géotechnique, de chocs, d'abrasion, des tassements de sol, les explosions ou autres. La dégradation d'ordre mécanique se traduit par l'apparition d'éclats et de fissures. Il faudrait donc les repérer pour les réparer ;
La dégradation d'ordre chimique : elle peut être due à une inadéquation de la composition du matériau ou à une exposition du béton aux environnements qui sont chimiquement ou biologiquement agressifs. Il s'agit par exemple des sels de déneigement, de la carbonatation, de l'industrie, de l'épuration des eaux, des agents corrosifs et bien d'autres. Un béton acidifié entraîne une corrosion des armatures ;
Les dégradations physiques : elles sont relatives à l'ensemble des causes qui sont susceptibles de provoquer l'éclatement du béton. Il s'agit par exemple de l'érosion, de l'usure, de l'exposition à des cycles de gel-dégel, de la cristallisation saline, des phénomènes thermiques ou autres. Les réparations inappropriées peuvent aussi entraîner la dégradation du béton.
Il est donc essentiel d'analyser l'ouvrage afin de distinguer des parties dégradées des parties saines. Il faudrait aussi bien comprendre la structure pour être en mesure d'identifier ses points faibles et ses points forts. Cela vous permettra de mettre en place toutes les mesures de sécurité appropriées en cas de risques d'affaissement afin de protéger les usagers.
Quels sont les outils d'analyse de l'état des bétons ?
Il existe plusieurs outils que vous pouvez utiliser pour évaluer le niveau de dégradation du béton.
Le millivoltmètre : il permet de déterminer le degré de corrosion des armatures. Cette technique est axée sur le balayage potentiométrique ;
Le scléromètre : il permet de caractériser la dureté de la surface du béton ;
Le Ferroscan : cet outil favorise l'accès aux informations relatives à l'enrobage des armatures et permet d'estimer le diamètre de ces dernières grâce à un balayage pachométrique ;
Le fissuromètre : les capteurs de cet outil vous permettent de suivre l'avancement de la fissuration.
En plus de l'évaluation de l'état du béton, vous devez aussi faire des prélèvements par carottage. Cette étape est délicate dans le processus du diagnostic du matériau. Le type et le nombre d'échantillons sont déterminés sur la base des informations recueillies après inspection du site et du type d'analyse réalisée au laboratoire. Le carottage se fait souvent au niveau des espaces dépourvus d'armature repérés grâce au balayage pachométrique. Les prélèvements sont soumis à des analyses de laboratoire et viennent compléter les essais effectués sur le site. À partir des échantillons, on mesure la profondeur de la carbonatation grâce à un indicateur de pH. On parle de phénolphtaléine ou d'alizarine en fonction du changement de coloration.