Les chiffres sont tombés. On les doit aux notaires dans leur dernière note sur la conjoncture sur la marché immobilier. On le sait, cette corporation, par l'enregistrement des ventes réalisées sur une période donnée, donne les mesures les plus fines en la matière, véritable tempo du marché.
Que disent-ils ? Entre mai 2020 et mai 2021, 1.130.000 ventes ont été enregistrées, soit un plus haut depuis vingt ans ! Ce record est à mettre en parallèle avec les chiffres pour les années 2019 et 2020, comptabilisées de mai en mai : 1.067.000 puis 1.024.000 ventes. Déjà les professionnels du secteur avaient considéré que cela signifiait un vrai dynamisme et on aurait pu s'attendre à une stagnation. Que nenni ! Ces records ont été battus.
Explications :
L'analyse d'un marché, avec les données objectives et subjectives à prendre en considération, n'est pas une science exacte mais l'on peut s'en approcher en prenant en compte les faits « sociétaux » d'une période donnée. Entre le 17 mars et le 11 mai 2020, notre pays a connu un premier confinement, ce qui l'a plongé dans une sorte de sidération. Rester chez soi, contrôle des sorties, incertitude quant à l'avenir... Bref, ceux qui voulaient d'engager dans un projet immobilier ont dû le remiser, sans trop savoir quand ils pourraient le remettre à jour. Et la sortie du confinement a joué comme un effet d'aubaine. Les notaires, dans leur note, ont compris cela mais, selon eux, cela n'explique pas tout ! “Si le nombre de transactions augmente, c’est au profit d’une nouvelle typologie de biens et vers des zones géographiques qui s’éloignent des grandes villes” annoncent-ils, ce qui traduit, certes le dynamisme du secteur, mais aussi sa réorientation...
Migration vers les petites et moyennes villes...
Second effet du confinement donc... On s'en souvient. Bon nombre de Français se sont trouvés coincés dans leur appartement à la ville, enviant ceux qui avaient eu le temps de s'en extraire pour aller dans leurs résidences secondaires, généralement assorties d'un jardin.
Puis il y eut les incitations gouvernementales pour mettre en place le télétravail qui va prendre une place grandissante dans les entreprises.
Et cette réorientation du marché s'est articulée dans les nouvelles pratiques d'achat, boostant l'attractivité des villes moyennes, proches des grandes métropoles. “Certains biens qui répondaient à une demande essentiellement locale trouvent désormais preneur auprès d’un panel plus large d’utilisateurs » détaillent-ils dans leur note, en prenant exemple de deux grosses villes, celles de Lyon où les acquisitions se sont déployées dans des communes de moins de 3500 habitants dans les départements voisins de l'Isère, la Loire et l'Ain et Toulouse, dans les nombreux villages qui jouxtent l'agglomération.
La place de « l'ancien »
Autre phénomène à prendre en considération pour expliquer le dynamisme du marché de l'immobilier, sans rapport avec la crise sanitaire, c'est le nombre d'acquisitions dans l'immobilier ancien, plus d'un million de transactions réalisées en 2019. On achète, non pas pour changer de logement mais pour le louer. Les responsables des réseaux d'agences immobilières le disent, des volumes exceptionnelles, poussés par l'effet d'aubaine des taux d'intérêt extrêmement bas des prêts immobiliers.
Toujours pour l'année 2019, ces ventes de logements destinés à être loués ont représenté 27% du marché de biens vendus, alors que si on regarde les chiffres en 2010, le pourcentage ne dépassait pas 15% pour un marché global de 600.000 ventes annuelles, une progression calculée par ces professionnels de 200% en dix ans.
A noter aussi que le profil de ces acquéreurs montre qu'ils sont jeunes, moins de quarante ans pour la plupart, souvent primo-accédant et appartenant aux catégories moyennes de la population. Ce redéploiement s'explique. En effet, la plupart sont inquiets des perspectives de leur pouvoir d'achat quand ils seront en retraite et ils cherchent à se constituer une rente locative, quitte à s'endetter.
De plus l'émergence d'un nouveau business en ligne de location saisonnière, facile d'accès pour les touristes et autres locataires pour des séjours de court terme a considérablement favorisé ce mouvement
En attendant 2022..
Croissance exponentielle, stagnation, les chiffres que l'on connaitra l'année prochaine seront riches d'enseignement. En toutes hypothèses, la fin tant espérée de la crise sanitaire, le rebond économique s'il se produit sont des facteurs engageants. Bref un marché en plein dynamisme de toute façon. Qui va s'en plaindre !