Vous avez dit mal logement ? Ce phénomène immobilier s’accroît avec la conjoncture économique déclinante, dont certains bailleurs profitent pour louer des biens immobiliers totalement insalubres, en empochant des loyers exorbitants. Pour pallier à ce problème, le gouvernement vient de mettre en place un numéro vert, incitant les concernés à dénoncer ces pratiques.
Appelez le 0806 706 806
Pour mettre fin au mal logement, une plateforme téléphonique est disponible depuis le 16 septembre dernier. Toute personne vivant sous un toit insalubre, peut « divulguer » sa situation locative, en appelant ce numéro gratuit. Il s’adresse aux victimes exploitées par ces propriétaires peu scrupuleux, encaissant au passage, des loyers excessifs. Ils peuvent ainsi dénoncer l’état d’insalubrité de leur demeure locative ou de son exiguïté.
Qui en est l’instigateur ?
Le ministre du logement, Julien Denormandie, a annoncé sur son compte Twitter, la création de cette plateforme d’accompagnement dédié au mal logement, pour, dit-il, « tous les locataires victimes de marchands de sommeil, d’un propriétaire peu scrupuleux et pour tous les locataires qui ont un doute sur la salubrité de leur logement ». Son but est d’endiguer la situation, en combattant les exploiteurs de détresse.
Qui sont ces marchands de sommeil ?
Le mal logement a ses protagonistes. En l’occurrence, des acheteurs insensibles au désarroi social, qui achètent des lots de résidences à bas prix, fréquemment dans un état de délabrement avancé. Ils savent qu’ils doivent effectuer des travaux pour les mettre aux normes, qu’ils n’exécuteront pas. Leur objectif est tout autre : encaisser un maximum de loyers pour rentabiliser leur achat au plus vite et s’ils ne se sont pas fait prendre d’ici-là, empocher les dividendes. Ces « cafistes », appelés ainsi dans le milieu de l’immobilier, perçoivent sans vergogne les allocations de logement versées par la CAF, si le locataire en est bénéficiaire. Quelles que soient les circonstances, ils sont sûrs de toucher le maximum, en déboursant, in fine, le minimum, voire pas un sou. De l’hôtel meublé aux HLM, en passant par les bidonvilles, toutes ces habitations sont prises d’assaut par ces entrepreneurs.
Qu’est-ce que le mal-logement ?
Cette désignation distingue d’une part, l’état d’un type de construction immobilière sur un territoire, souvent inadéquat pour la sécurité et la santé de ses habitants et d’autre part, des conditions de vie des locataires, qui peinent à se loger, dans des conditions dignes. C’est un phénomène social grandissant, principalement dans les métropoles. Pour définir une habitation faisant partie du mal logement en France, 9 critères établis par l’État, rentrent en ligne de compte. Si au moins 3 de ces 9 critères sont constatés, l’hébergement est évalué comme insalubre ou nécessitant rapidement des travaux de réhabilitation.
Caractéristiques de ces habitations
- Elles sont difficiles à chauffer, faute d’installation adéquate ou parce que les factures d’électricité sont trop onéreuses
- Système de chauffage absent, qu’il soit électrique ou au gaz.
- Le bruit est un facteur de nuisance, qu’il vienne de l’extérieur ou de l’intérieur d’un bâtiment. En cela, l’insonorisation est mise à mal dans ce critère.
- La présente d'humidité détermine le niveau d’insalubrité : moisissures, toit percé, humidité excessive.
- Un logis de moins de 9 m2, n’ayant pas assez de pièces.
- Absence de salle de bain.
- Absence de toilettes en intérieur.
- Absence d’eau chaude courante.
- Des habitations non adaptées aux membres du ménage. Cet indice tient compte de l’âge des habitants, la situation familiale et le nombre de personnes qui la compose.
Caractéristiques de ces locataires
Est considéré comme locataire précaire, toute personne ayant un revenu faible, ne pouvant à minima, faire face aux dépenses inhérentes au logement. Cela concerne donc le loyer et les charges liées à celui-ci. Bon nombre de personnes acceptent de louer des habitations douteuses, dont le prix est relativement à leur portée. Ils s’entassent à plusieurs dans des lieux exigus, dormant tous dans une seule pièce. Ils font donc partie du mal logement.
Le mal logement en France
Pour 2019, la 24e édition du rapport annuel sur « l’État du mal logement » de la fondation Abbé Pierre, indique que 4 millions de personnes sont estimées en tant que mal logées ou privées de domicile et que 12 millions sont dans une telle précarité, qu’elles ont besoin d’aide pour se loger. Ce qui est assez paradoxal, alors que le marché de l’immobilier se porte plutôt bien. Plus d’une personne sur 5 sont touchées par cette crise. Cela concerne notamment le surpeuplement, la hausse des prix locatifs, les loyers impayés, les copropriétés en difficulté et la précarité énergétique.
Une solution de la Fondation Abbé Pierre
Un plan gouvernemental, soutenu par Emmanuel Macron en 2017, a été mis en place par la Fondation, pour reloger les sans-abris et faire face au mal logement. Ce plan se veut d’orienter les personnes sans domicile, directement vers un logis autonome. Entre autres, en 2018, plus de 12 500 logements sociaux, sur les 16 595 prévus, ont été attribués en la circonstance.
Que pensent les défenseurs des sans-abris de ce dispositif ?
D’après Zohra Boukenouche, membre du Collectif du 5 novembre des Bouches-du-Rhône, c’est juste un « coup de com », ce système ne sert à rien. « Un numéro vert, c’est bien, mais à quoi sert-il si derrière il n’y a pas tout un dispositif d’accompagnement avec des moyens financiers et humains ? », se désole-t-elle. Elle craint également que les intéressés ne divulguent pas leur situation, de peur d’être expulsés. C’est à l’ADIL (Agence Départementale d'Information sur le Logement) que revient la tâche de conseiller les appelants, par le biais de ce numéro vert. Mais ces conseils sont déjà diffusés par les associations mises en place, prenant en charge les demandes d’aide des plus démunis. Elles connaissent hélas bien le contexte du mal logement !