Le paradoxe persiste depuis un certain temps sur le marché des logements neufs en France. La vente baisse alors que les prix continuent à grimper. Alors quelle réalité se cache-t-elle derrière cette dichotomie ? Pourquoi la baisse de vente de logement neuf en France n'est-elle pas un phénomène nouveau ? Comment expliquer cette chute libre à ne plus en finir ? Les réponses à ces questions ci-après.
La commercialisation de logements en grande souffrance en 2022
La chute libre continue de s'opérer pour les logements neufs en vente en France. Au 2ème trimestre de 2022, la vente des programmes neufs a chuté de 10,5 % sur l'ensemble du territoire. Aucune amélioration n'a malheureusement été constatée au cours du 1er semestre de cette année. La chute s'établit à moins de 14,6 %.
La baisse des réservations faites par des particuliers reste flagrante. Pour 2022, censée être une année de rattrapage après les confinements, la réservation accuse un recul de 13 % de moins comparée à l'année précédente. Cela se traduit par 27 909 logements neufs réservés. Les annulations des réservations pour le 2ème trimestre 2022 demeurent aussi conséquentes. Elles se chiffrent à 3 800, soient une augmentation de 3,2 % par rapport à la même période pour 2021.
Ce phénomène de repli a touché aussi les logements neufs mis en vente sur le marché.
Le nombre de biens commercialisés de cette catégorie s'établit à 28 733 sur un an, soit une baisse de 11,7 %.
Le taux de chute est respectivement de 42,3 % et 16,8 % pour les ventes en bloc et celles au détail.
Un risque de crise de l'offre dans le neuf déjà prévu
Le phénomène de baisse de vente de logement neuf ne semble pas être une surprise. Il y a déjà un an que le spectre d'une crise planait sur le marché des neufs. À l'époque, les promoteurs ont tiré la sonnette d'alarme. Ils pointaient du doigt les situations amenuisant le marché, notamment la baisse du nombre de permis de construire accordés.
Cette prévision est devenue maintenant une réalité. Globalement, on parle de 90 400 logements neufs disponibles à la vente. Un chiffre nettement en baisse de 3,3 % comparé à la situation à la fin du premier trimestre 2021. Le nombre de mise en vente d'appartements en fait les frais avec une dégringolade conséquente jusqu'à 30,5 %. La baisse concerne notamment les appartements de type T1 et T2. Cependant, elle est surtout importante pour les T4, avec de plus grandes surfaces (-13,6 %).
À quoi est due la chute libre de la vente de logement neuf ?
La plupart des experts en immobilier attribuent le repli de la vente de logements neufs à la crise sanitaire. Le marché a du mal à décoller après les périodes de confinement. Les acheteurs potentiels se font encore rares. Les taux moyens d'emprunt de 1,2 % sur 5 ans, 1,55 % sur 25 ans ne suffisent pas à rassurer les Français.
La guerre de l'Ukraine ajoute encore de la souffrance à ce marché immobilier qui peine à se remettre du Covid. Elle est à l'origine de cette flambée du prix des matériaux de construction. À titre d'exemple cité par un spécialiste, près de 50 % de l'aluminium importé en Europe provient de l'Ukraine. La situation ne semble donc pas s'améliorer avec l'invasion russe.
Néanmoins, il faut savoir que le programme neuf en Europe souffrait déjà avant cette guerre menée en Ukraine. La difficulté à obtenir des permis de construire et l'inflation des prix de l'énergie minaient le secteur. À cela s'ajoutent les problèmes d'approvisionnement en matériaux.
Quel avenir face à un programme neuf en berne en France ?
Face à un programme neuf en désamour avec les futurs acheteurs, les prix continuent de grimper.
On évoque une hausse de plus de 3,7 % pour les logements toutes tailles confondues. La hausse concernant les deux pièces est de plus de 4,4 % et 4,7 % pour les studios.
Devant cette réalité de l'immobilier neuf, le constat est posé. Les logements neufs ont tendance à devenir inaccessibles. De plus, on constate une défaillance au niveau de la conception de nouveaux logements. Cela ne fait qu'entretenir la pénurie déjà aggravée par une forte demande dans les zones tendues. Or depuis deux décennies, les prix de l'ancien et du neuf s'engagent dans une course effrénée. Celui de l'ancien a augmenté de 137 % contre 117 % de hausse pour le neuf. Devant une augmentation poussée des prix, l'accession à la propriété devient alors un défi pour les Français. Impossible donc de prédire un décollage rapide de la vente des neufs d'ici peu.