Quel est le principe du crédit à prêt lissé ?
Un nouveau type de crédit est aujourd'hui proposé par certains établissements bancaires : le prêt immobilier à taux lissé. Mais ce crédit immobilier dit " simplifié", pourrait bien être dommageable aux emprunteurs in fine, en raison de tarifs d'assurance et de taux de crédit au final très élevés. Ce nouveau prêt immobilier existe seulement depuis l'été 2019 et est exclusivement proposé chez les banques du groupe Banque Populaire et Caisse d'Épargne. Un groupe qui détient pas moins de 30% de l'ensemble des crédits immobiliers du marché ! Les personnes potentiellement touchées par ce prêt "arnaque" pourraient donc constituer près d'un tiers des emprunteurs ! Le principe de ces crédits est de proposer une synthèse des tarifs d'assurance et de crédit immobilier. Une seule et même facture mais au final plusieurs milliers d'euros dépensés en plus.
Cette dite "simplification" ne serait qu'une manière de dissimuler des approches comptables pour le moins ésotériques. Les clients de ces prêts ne savent pas vraiment ce qu'ils paient et les bénéfices de la banque seraient inhabituellement élevés par rapport aux taux classiques.
En quoi ce taux de crédit immobilier est-il particulièrement élevé ?
Selon certains calculs, un emprunt immobilier de 250 000€ étalé sur 25 ans à un taux d'environ 1% coûterait in fine 15.000 euros de plus avec un prêt à crédit lissé par rapport aux crédits immobilier traditionnels.
Mais cette différence non-négligeable augmenterait encore bien plus pour des crédits de durée moindre. La réalité du marché raccourcit généralement les crédits immobiliers à environ 8 ans, pour permettre aux emprunteurs d'acquérir un autre bien, qui correspondrait mieux à leur mode de vie actuel. Un emprunt à taux lissé coûterait en réalité 16.000 euros de plus, si l'acquéreur souhaitent acheter un autre bien après seulement huit ans.
Pourquoi vaut-il mieux fuir ce type de prêt ?
Le calcul effectué pour les prêts à taux lissé se distingue des prêts immobiliers classiques. L'assurance à rembourser est relative autant au capital emprunté qu'aux frais d'assurance de l'emprunt dans sa globalité. L'assurance porte donc sur l'ensemble du montant restant à payer.
L'assurance sert donc à assurer le processus de l'assurance en tant que tel, sans même faire avancer l'acquéreur de quoi que ce soit par rapport au remboursement de la somme en question dans un premier temps. Un crédit interrompu après 8 ans permet à peine de rembourser un quart du montant de l'acquisition initiale ! Les frais d'assurances étant payés en premier dans le cadre de cet emprunt.
Le montant de l'assurance du crédit dans son ensemble est également calculé de façon inhabituelle. Le taux d'assurance proposé pour des personnes jeunes ne présentant aucune maladie serait de 0,7% avec ce crédit. En temps normal, les assurances de ce type ne dépassent pas les 0,1%, ce qui fait à nouveau augmenter le montant global à payer pour l'emprunteur. L'ensemble des tarifs des assurances de ces prêts à taux lissé sont bien souvent supérieurs à 0,5%, soit un tarif anormal pour un crédit immobilier. Les banques pratiquant ces crédit joueraient donc sur un taux d'intérêt de crédit global très bas, pour récupérer ensuite de l'argent via un tarif d'assurance exorbitant. Avec ces deux anomalies de calcul, on ne peut nier qu'il y ait une volonté de brouiller les pistes par rapport aux clients. Une pratique que l'on qualifiera de malhonnête, au désavantage des emprunteurs.
Le groupe Banque populaire et Caisse d'épargne se défend
Néanmoins, le groupe bancaire en question considérerait que ces estimations de calcul de prêt divergeraient fortement des tarifs réels de leurs prêts à taux lissé. L'estimation de la banque serait toutefois que les emprunteurs gagneraient en réalité jusqu'à 20% sur les tarifs qu'ils pratiquent. La subtilité de ce calcul vaudrait seulement pour un calcul du prêt dans sa totalité et qui soit remboursé complètement sans interruption de contrat. Le désavantage ne surviendrait que pour les emprunteurs ne remboursant pas le prêt complètement à la banque. Une réalité que la banque cherche à masquer avec des calculs qui feraient croire qu'un prêt interrompu après 8 ans serait tout de même plus avantageux, alors que leurs calculs sont simplement erronés. Le calcul exact démontre qu'un crédit à taux lissé coûte plus de 2500 euros supplémentaires, si l'emprunteur souhaite acquérir un autre bien et interrompre le crédit initialement contracté.
Mettre un terme à ce type de contrat serait particulièrement compliqué
Si un emprunteur souhaite modifier l'assurance en question pour passer au tarif d'une autre assurance, la procédure serait selon nos sources difficile à mettre en place en faisant la demande auprès de la banque en question. Mais la banque se défend à nouveau, en affirmant que l'emprunteur est tout à fait libre de choisir l'assurance qu'il souhaite, ce qui est conforme à la réglementation officielle. Ce type de crédit serait avant tout une stratégie visant à arnaquer les clients, qui ne sont pas toujours compétents pour défendre leurs intérêts économiques et légaux. Il existerait des possibilités, selon les dires de cette banque, pour les clients de tirer un réel bénéfice de ce type de crédit, mais ces derniers doivent comprendre les mécanismes de leur contrat en profondeur avant de le signer. Les autres banques du marché des crédits immobiliers considéreraient la pratique de la Banque populaire et Caisse d'épargne comme n'étant pas vraiment légale. A bon entendeur..